La transition vers des carburants d’aviation durables (SAF) est devenue un enjeu central pour le transport aérien. Face à des objectifs européens ambitieux et à une offre industrielle encore limitée, les principaux acteurs du secteur réclament aujourd’hui du temps et des mesures de soutien. Flywest rapporte que les grands groupes aériens européens ont récemment exprimé leurs inquiétudes et appelé les autorités à un dialogue pragmatique pour garantir une transition réaliste et compétitive.
Des obligations européennes qui pèsent sur les compagnies
Depuis 2025, le cadre réglementaire européen impose des quotas progressifs de carburant d’aviation durable sur les vols au départ de l’Union. Si l’objectif initial vise à intensifier l’usage de SAF pour réduire les émissions du secteur, la montée en charge prévue jusqu’en 2030 et au-delà suscite des interrogations. Les compagnies jugent la trajectoire ambitieuse mais dépendante d’une capacité de production qui n’est pas encore au rendez‑vous. Cette tension entre objectifs climatiques et réalité industrielle fragilise la planification des compagnies et menace la compétitivité de certaines lignes.
Une filière en formation et des volumes insuffisants
La production mondiale de SAF reste concentrée et coûteuse. Les acteurs industriels multiplient les projets, mais les délais de construction des usines, la sécurisation des matières premières et les investissements requis expliquent un rythme de montée en puissance lent. Les compagnies dénoncent le risque d’une mise sous pression financière si des quotas stricts doivent être appliqués sans mécanismes de soutien public ou privé pour amplifier l’offre. Le manque de disponibilité se traduit par des prix élevés du carburant durable, jusqu’à plusieurs fois supérieurs au kérosène fossile.
Conséquences sur les tarifs, la concurrence et la stratégie
L’augmentation structurelle du coût du carburant pèse inévitablement sur la structure tarifaire des compagnies. Certaines entreprises plaident pour des mesures d’accompagnement afin d’éviter une hausse brutale des prix pour les voyageurs et une distorsion de concurrence avec des transporteurs non soumis aux mêmes contraintes. Parallèlement, la stratégie industrielle des groupes européens intègre désormais des accords d’approvisionnement avec des producteurs de SAF, mais ces contrats couvrent souvent une part limitée des besoins futurs.
Quelles réponses possibles pour sécuriser la transition ?
Les acteurs du secteur avancent plusieurs pistes pour rendre la transition vers le SAF soutenable. Ils demandent d’abord un calendrier adapté, articulé avec des dispositifs industriels et financiers qui favorisent une montée en capacité rapide. Ensuite, ils préconisent des mécanismes de soutien ciblés — aides à l’investissement, garanties d’achat, incitations fiscales — pour baisser le coût de production et encourager de nouveaux entrants sur le marché.
L’importance d’un dialogue public‑privé
Pour les compagnies, la clef passe par un vrai partenariat entre les pouvoirs publics et l’industrie. Un dialogue stratégique permettrait d’aligner les objectifs réglementaires avec les capacités des acteurs économiques, d’anticiper les goulots d’étranglement et d’organiser des plans d’investissement coordonnés. Sans cela, le risque existe d’une application mécanique des quotas qui pèse lourdement sur les opérateurs et, éventuellement, sur les consommateurs.
Innovation, diversification des matières premières et échelle
La diversification des voies de production (biocarburants avancés, voies électro‑chimiques, synthèse à partir d’hydrogène renouvelable) est essentielle pour réduire la dépendance à certaines matières premières. L’industrialisation et l’effet d’échelle restent les leviers principaux pour faire baisser les coûts. Les compagnies et les industriels doivent donc conjuguer investissements, R&D et partenariats financiers pour accélérer la disponibilité de SAF compétitifs.
Impacts pour les voyageurs et le secteur en France et à l’international
La montée en volume du SAF devrait à terme améliorer l’empreinte carbone des vols et répondre aux objectifs de décarbonation. À court terme, les passagers pourraient cependant ressentir l’impact via des ajustements tarifaires et une restructuration des offres. Pour le secteur français et européen, l’enjeu est aussi géopolitique et industriel : développer une filière SAF compétitive renforce la souveraineté énergétique et crée des emplois, mais demande des choix stratégiques clairs et des investissements massifs.
Informations clés
Depuis 2025, l’Union européenne impose des quotas progressifs de SAF sur les carburants aviation au départ de ses aéroports, une contrainte que les compagnies jugent ambitieuse compte tenu de l’offre actuelle.
La production mondiale de SAF demeure limitée et coûteuse, ce qui alourdit la facture des transporteurs et pose un défi pour la compétitivité des vols.
Les compagnies européennes appellent à un délai ajusté et à des mécanismes d’accompagnement — investissements, garanties d’achat et incitations — pour accélérer la montée en capacité.
La diversification des technologies de production et l’effet d’échelle sont indispensables pour réduire le prix du SAF à l’horizon 2030 et au‑delà.
Flywest suit de près ces évolutions : la réussite de la transition dépendra autant de la volonté politique que de la capacité industrielle à délivrer des volumes abordables et durables.



