Coup de tonnerre dans le ciel européen : SmartLynx, acteur historique de l’ACMI et des opérations wet-lease, a annoncé l’arrêt de toutes ses activités commerciales à compter du 24 novembre 2025. Pour les compagnies clientes, les aéroports, les loueurs et les passagers, cette décision déclenche une onde de choc dont les effets vont bien au-delà des hangars de Latvia ou des parkings d’aéroports.
Un retrait brutal qui fragilise le marché de l’ACMI
La fin d’activité de SmartLynx remet en lumière la vulnérabilité du modèle ACMI (Aircraft, Crew, Maintenance, Insurance) lorsqu’un fournisseur majeur quitte subitement le marché. SmartLynx exploitait une flotte significative composée principalement d’Airbus A320 et A321, dont plusieurs appareils immatriculés en Lettonie étaient déployés sur des contrats courte et moyen-courrier. Selon Flywest, douze avions lettone étaient au cœur des opérations au moment de l’arrêt, incluant un A321 converti en P2F (passenger-to-freighter).
Risques pour les compagnies clientes et répercussions opérationnelles
Les compagnies qui s’appuyaient sur SmartLynx pour combler des besoins saisonniers ou ponctuels se retrouvent confrontées à des déficits de capacité immédiats. L’annulation de contrats ACMI peut entraîner des suppressions de fréquences, des désorganisations de correspondances et une pression accrue sur les plannings et la trésorerie. On observe déjà une mise en tension du marché du leasing court terme, où la demande d’appareils prêts à voler dépasse l’offre disponible, faisant mécaniquement monter les tarifs de location.
Conséquences pour le fret et la conversion P2F
L’arrêt de SmartLynx affecte aussi le segment cargo, notamment en raison d’un A321 récemment converti en P2F qui participait au renforcement des capacités fret en Europe. La raréfaction d’appareils dédiés au cargo, combinée à la poursuite de la demande e-commerce et logistique, risque d’alimenter une pression sur les prix de fret et sur la disponibilité des solutions d’affrètement rapides.
Que deviennent les avions et le personnel ?
La localisation des avions est déjà un enjeu opérationnel. Plusieurs appareils ont été signalés au sol dans des escales européennes telles que Tarbes, Madrid, Sofia, Varna ou Larnaca, ce qui complexifie leur redéploiement. La situation pose la question des contrats de location, des restitutions d’appareils et des démarches réglementaires pour modifier les immatriculations ou réaffecter la flotte.
Impact social et qualification des équipages
Sur le plan humain, l’arrêt entraîne des interrogations majeures sur le devenir des équipages, des techniciens et du personnel commercial. Ces profils qualifiés représentent une valeur pour le secteur mais nécessitent une remise à niveau liée aux procédures spécifiques des futurs employeurs. Les tensions du marché du travail aérien rendent probable une recomposition rapide des effectifs, toutefois au prix d’un coût social non négligeable pour les salariés concernés.
Conséquences économiques et opportunités pour les acteurs du marché
À court terme, l’arrêt de SmartLynx génère des perturbations et un resserrement du marché du wet-lease. À moyen terme, il crée également des opportunités pour d’autres opérateurs ACMI et pour les loueurs d’appareils. Les compagnies cherchant à maintenir leurs programmes devront explorer des solutions alternatives, notamment le recours à des leasing operators, la location d’appareils en dry-lease complétés par des recrutements locaux, ou le rachat de capacité auprès d’opérateurs régionaux.
Réactions attendues des acteurs institutionnels
Les autorités aéroportuaires et les régulateurs vont devoir surveiller la continuité des services, en particulier sur les axes fortement dépendants d’opérateurs ACMI. La coordination entre compagnies, aéroports et fournisseurs de maintenance devient essentielle pour limiter les perturbations et éviter des effets domino sur les correspondances et le fret international.
Enjeux pour la chaîne de maintenance et les MRO
Les centres MRO (Maintenance, Repair and Overhaul) pourraient voir une activité fluctuante liée à la redistribution des appareils. L’arrêt d’un fournisseur majeur modifie les calendriers de maintenance, la disponibilité de pièces et les priorités de réparation, affectant la capacité générale du parc européen à garder un taux de disponibilité élevé.
Pour les voyageurs, la disparition d’un opérateur ACMI historique implique un aléa supplémentaire dans la stabilité des horaires et des fréquences, rappelant la dépendance du réseau mondial aux chaînes logistiques aériennes. Les prochaines semaines seront déterminantes pour mesurer l’ampleur des répercussions et la capacité du marché à absorber ce choc structurel.



